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lundi 9 septembre 2013

20_Rotation angulaire 2



Je savais que dans l'échelle de valeurs qu'on m'inculquait j'avais fait une faute très grave, je n'avais même pas été sincère dans mes justifications en pensant que c'était pour la bonne cause que j'allais chez Florence. Non c'était ma curiosité perverse qui m'avait poussé à l'acte. Je tenais absolument à savoir si la première de la classe y arrivait parce qu'on lui rossait régulièrement le train. Je tenais à me justifier que je ne recevais pas pour rien, que les corrections étaient des plus utiles, qu'elles nous aidaient à avancer quand on avait du mal.
J'avais trop peur de dire à ma mère que j'avais à nouveau mentit et ceci durant mon repentir, disant que les parents de Florence étaient au courant de mes venues.
En arrivant chez Florence, encore dans l'escalier, j'entendis des cris, ça venait de l'étage où habitait Florence, on frappait là bas. Des claquements secs suivis de hurlements ne laissaient pas de doutes. La punition était de celles qu'appliquaient les parents sévères, ceux qui aliénaient leur progénitures en les maintenant le plus longtemps possible dans une souffrance intenable lors de leur sacro-sainte corrections.
J'attendais devant la porte, c'était bien chez Florence qu'on appliquait la correction. Les cris perçants que j'entendais étaient ceux de ma bienfaitrice. Je constatais que Florence n'était pas de ceux pour qui ça s'arrêtait quand on voyait couler des larmes. A peine elle avait baissé la voix que ça claquait à nouveau, Des fois c'était deux claquements consécutifs qui renforçaient le timbre de ses terribles hurlements.
En silence, j'attendis une dizaine de minutes devant la porte avant que la situation se calme, je frappais à l'entrée. La mère de Florence vint m'ouvrir, une femme assez grande, cheveux bouclés, brune, la coupe courte comme celle de sa fille, une expression de visage rigide, de celle devant qui on baisse les yeux et on rase les murs quand on est gamine. Sa tenue vestimentaire non plus n'inspirait pas la joie, très formelle, chemise blanche, gilet marine, jupe plissée grise descendant sous le genoux, bas beiges et chaussons en cuir noir. Elle était étonnée de me voir, l'accueil fut à son image, formel, au pas de la porte.
Je lui présentait le cahier que j'étais venue rendre en disant que c'était pour Florence. J'évitais les explications avec cette présentation courte. Sa mère commença à me questionner, qui j'étais, et qu'est ce que cette histoire de cahier voulait dire. J'inventais que Florence en avais besoin pour ses cours, et qu'il était impératif que je le lui rende avant demain. Depuis que sa mère venait d'ouvrir la porte, dans l'appartement c'était le silence, le père de Florence avait arrêté d'engueuler sa fille, et Florence avait mis en sourdine ses pleurs. La mère de Florence avait prit le cahier m'informant qu'elle allait transmettre. Le plus simplement du monde, elle referma la porte. Moi j'avais mon angoisse qui m'attendait à l'arrivée, la cave. Si je n'avais aucune envie de rentrer, l'idée de la fureur maternelle me faisait presser le pas.